Les Autres Quebecoises Etude Sur Les Femmes Immigrees Et Leur Integration Au Marche Du Travail Quebecois

Author : Andrée Demers
Publisher :
ISBN 13 :
Total Pages : 263 pages
Book Rating : 4.:/5 (313 download)

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Download or read book Femmes immigrées au travail written by Andrée Demers and published by . This book was released on 1985 with total page 263 pages. Available in PDF, EPUB and Kindle. Book excerpt: Cette thèse porte sur le travail de femmes portugaises immigrées au Québec. En nous appuyant sur l’analyse d’entrevues en profondeur réalisées auprès d’immigrantes portugaises de la première génération résidant dans la région de Montréal ( Québec, Canada ), nous remettons en cause les approches dominantes du concept de « travail » en sociologie du travail qui tendent à limiter le travail à sa facette marchande, productive, oubliant ou renvoyant à la sociologie de la famille une autre facette du travail tout aussi importante en terme de temps et de vie pour les femmes, le travail gratuit fait pour la famille, travail ménager + soins aux enfants + production d’auto-consommation. Nous avons plutôt développé une problématique où rapports de genre et rapports de production ne sont pas associés à l’un ou l’autre des univers de travail ( la maison, l’usine ) ou à la production non-marchande et marchande, mais où genre et production sont à l’œuvre simultanément, antagoniquement ou complémentairement, aussi bien dans le travail gratuit que dans le travail rémunéré. Notre analyse montre comment ces rapports construisent simultanément la place des femmes dans la famille et dans le salariat. Deux dimensions sont à développées ici : celle du pays d’origine comme lieu de socialisation au travail domestique et au rôle familial ; celle du rôle domestique comme dimension structurante de l’emploi des femmes. L’intérêt à étudier des femmes immigrantes est que, contrairement à ce qui se passe dans toutes les études sur les femmes, l’environnement économique et social est une variable : ces femmes ont vécu et travaillé successivement dans deux sociétés différentes, l’une à prédominance agraire et industriellement peu développée, l’autre fortement industrialisée et urbaine. Socialement produites et reproduites pour être « femme » au Portugal, -c’est-à-dire des épouses et des mères avant tout, qui pourront contribuer financièrement au ménage soit par une assistance gratuite à l’activité économique de leur conjoint, soit par une activité rémunérée mais à domicile-, au Québec ces femmes sont nombreuses à intégrer le salariat. Immigrant pour la plupart en famille, avec mari et enfants, les rapports de genres intra-familiaux restent marqués par ce qu’ils étaient au Portugal, tout en subissant des transformations impulsées par les rapports sociaux de genre et de production auxquels ils sont confrontés dans le nouveau milieu de vie. Cette façon d’aborder la question des femmes immigrantes constitue une double rupture par rapport aux problématiques dominantes en sociologie des migrations internationales : d’une part, peu de travaux ont considéré le pays d’origine autrement que comme un facteur de répulsion, or nous proposons de l’analyser comme un lieu sociale de production et de reproduction d’individus ; d’autre part, l’étude des femmes immigrantes est largement dominée par la question de l’intégration et de l’adaptation au niveau familial comme mères et épouses, alors que nous insistons également sur le rôle économique et sur l’activité professionnelle de ces femmes.